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La partie de poker menteur continue. Après avoir agité l’hypothèse de ne pas participer au gouvernement Barnier, Gabriel Attal maintient la pression sur le premier ministre, dans une interview au Point, mercredi 18 septembre. « A l’Assemblée, nous sommes le premier groupe de gouvernement. Rien ne pourra se faire sans nous », rappelle le président du groupe Ensemble pour la République (EPR) pour qui, « il n’y a pas de soutien automatique ». « Et si nous parvenons à des compromis, alors ce sera : “Le Parlement décide, et le gouvernement exécute” », ajoute-t-il, subordonnant M. Barnier aux députés.
A l’intérieur du groupe EPR, les parlementaires serrent les rangs autour de leur président. Ce dernier peut aussi compter sur Gérald Darmanin et sur Elisabeth Borne, après plusieurs semaines de tensions sur fond de concurrence pour la prise de contrôle du parti Renaissance, qui doit élire son nouveau secrétaire général d’ici le 30 novembre. Mercredi matin, M. Darmanin est ainsi monté au créneau, dans la roue du député des Hauts-de-Seine, sur France 2, expliquant qu’il était « hors de question » d’« entrer » dans le gouvernement de Michel Barnier, ou même de le « soutenir » à l’Assemblée, en cas d’augmentation des impôts. Mme Borne devait, elle, accompagner Gabriel Attal et le ministre de l’intérieur démissionnaire à un rendez-vous à Matignon, mercredi, finalement annulé à la dernière minute par Michel Barnier, officiellement pour des raisons d’agenda.
Mais, derrière cet alignement des poids lourds du groupe, des fractures apparaissent. Après une réunion mercredi après-midi, les députés les plus à droite du groupe – rassemblés sous le groupe informel « Solféri-no » – s’opposent à ce que leur non-participation au gouvernement soit mise dans la balance. « Nous avons le devoir que l’action de Michel Barnier réussisse, et donc nous ne voulons pas jouer la politique du pire », affirme le député Charles Rodwell (Yvelines), l’un des porte-parole du groupe, qui ajoute : « On est prêt à soutenir très fortement Michel Barnier sur la ligne régalienne, c’est-à-dire l’immigration et la sécurité. » L’ouverture de ces dossiers est hautement inflammable, puisqu’elle risquerait d’entraîner l’explosion du groupe, et même du bloc central, selon des parlementaires du camp présidentiel.
Le coup de pression de Gabriel Attal est aussi un message adressé à ses troupes. EPR bruisse de rumeurs concernant des « débauchages individuels » entrepris par Michel Barnier, afin de diviser le groupe et nuire à son poids. M. Attal n’a pas apprécié que Michel Barnier prenne contact directement avec certaines personnalités du groupe sans l’en avertir, faisant fi de la liste de ministrables qu’il lui avait transmis. Tout comme les ministres démissionnaires ont peu goûté que le locataire de Matignon ne leur donne aucune indication sur leur sort.
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